mercredi 20 juin 2012
3) L’ASPECT GÉNITAL EXTERNE EST MASCULIN (Tableau II)
mardi 19 juin 2012
2) La consultation est motivée par des anomalies du développement pubertaire.
lundi 4 juin 2012
4) Les Hermaphrodismes vrais
mercredi 8 février 2012
3) Le Pseudo-hermaphrodisme masculin
(Par définition le terme de pseudo-hermaphrodisme masculin désigne un sujet à morphologie génitale externe ambiguë, dont le sexe chromatinien est masculin et les gonades des testicules)
La morphologie génitale externe, ambiguë, est tout à fait comparable, sinon identique, à celle décrite dans les pseudo-hermaphrodismes féminins, c’est-à-dire réalisant l’aspect d’"hypospadias vulviforme", et l’on ne doit donc pas se fier à la configuration génitale externe pour décider du sexe masculin ou féminin de l’enfant. Bien entendu dans certains cas le bourgeon génital, quoique hypoplasique, évoque nettement une verge, de même que les bourrelets génitaux sont franchement "bursiformes". De toute façon, il n’y a pas d’orifice à l’extrémité du gland, mais un seul orifice périnéal, situé très en arrière de l’implantation de la verge. Enfin les gonades sont ectopiques, perçues ou non à la palpation de la région inguinale.
L’uréthrographie injecte le plus souvent une cavité... vaginale de petit volume et dessine parfois l’empreinte du col utérin. Dans d’autres cas, il n’y a pas de cavité vaginale visible ce qui ne préjuge en rien de la structure des voies génitales internes. Ajoutons que l’examen général est négatif : il n’y a ni avance staturale, ni avance osseuse, ni pilosité pubienne, donc aucun signe de stimulation hormonale. Les dosages hormonaux, (en particulier 17 CS) sont d’ailleurs normaux pour l’âge chronologique, du moins jusqu’à la puberté.
L’exploration chirurgicale montre, en position inguinale ou intra abdominale, deux gonades, dont l’aspect macroscopique ne permet. pas d’affirmer, à priori, la nature mâle ou femelle. En effet lorsque les testicules sont intra abdominaux, ils peuvent être appendus à des trompes bien individualisées, aboutissant ou non à un utérus hypoplasique. Dans d’autres cas il n’existe ni trompes, ni utérus, mais un conduit semblable à un déférent qui se perd à l’origine de l’urèthre. Dans l’un et l’autre cas, seul l’examen histologique d’une biopsie des deux gonades, confirme qu’il s’agit bien de testicules, avec un développement quasi-normal des cellules de LEYDIG, des cellules de SERTOLI bien différenciées, mais habituellement sans épithélium germinal reconnaissable.
Aboutir au diagnostic de pseudo-hermaphrodisme masculin ne résout cependant pas tous les problèmes, car il demeure une inconnue extrêmement grave quel sera le sens de l’évolution pubertaire ? En effet, contrairement à ce qu’on pourrait penser puisqu’il existe des testicules sensiblement normaux histologiquement, le développement pubertaire de ces enfants ne se fait pas toujours selon le type masculin, mais parfois selon le type féminin avec féminisation de la silhouette et apparition de seins (bien entendu, même s’il existe une cavité vaginale et un utérus il ne peut y avoir de règles, puisque les gonades sont des testicules).
En pratique il serait donc très important de savoir dans quel sens se fera la puberté, afin de prendre précocement une décision correcte quant au sexe de l’enfant. Or, il faut bien l’avouer, une telle prédiction est impossible avec certitude. Le test de stimulation du testicule à la gonadotrophine chorionique, à dose raisonnable, ne détermine aucune sécrétion sur un testicule immature, on ne peut donc à l’aide de ce test essayer de prévoir quelle sera la sécrétion testiculaire au moment de la puberté. WILKINS insiste sur le fait, assez singulier, que le développement pubertaire a d’autant plus de chance d’être masculin, que la morphologie génitale interne est plus féminine. A la réalité, il ne s’agit que d’une probabilité et l’on ne peut, de la conformation génitale interne, tirer un argument définitif sur le sexe à donner à l’enfant. En fait seules les de la chirurgie plastique, c’est-à-dire les possibilités qu’offrent l’appareil génital de l’enfant d’aboutir au moment de la puberté à une verge ou à un vagin fonctionnels doivent décider si l’enfant sera garçon ou fille - ceci bien entendu dans l’hypothèse où la décision est prise suffisamment tôt pour qu’aucune considération psychologique ne vienne encore aggraver les difficultés. Ce serait une grande erreur, sous prétexte que les gonades sont en réalité des testicules, de vouloir à tout prix faire un garçon de sujets présentant une verge très hypoplasique (qui ne permettra jamais de rapports sexuels normaux) et qui possèdent au contraire une cavité vaginale bien développée.
CONDUITE THÉRAPEUTIQUE :
Elle est donc particulièrement délicate. S’il paraît possible de reconstituer une verge à peu près satisfaisante, s’il n’y a pas de cavité vaginale, ou une cavité très atrésique, on traitera ces enfants comme des hypospades - avec en plus une fermeture du périnée et si possible un abaissement des testicules, en général ectopiques. (On profitera de cet abaissement pour retirer les structures internes féminines). Cette ligne de conduite est évidemment la plus logique, puisqu’il s’agit de pseudo-hermaphrodites masculin.
Lorsque la verge est très aplasique, qu’il existe une cavité vaginale à peu près normale, on sera en droit de pratiquer les interventions nécessaires à une morphologie féminine aussi normale que possible.
Bien entendu on doit, dans l’un et l’autre cas, se tenir prêt à pratiquer une castration éventuelle si la puberté n’est pas en accord avec le sexe attribué à l’enfant. Cette castration étant suivie, selon le cas, de l’administration d’hormones mâles ou femelles. Il faut bien avouer que le résultat final est souvent médiocre.
L’observation suivante illustre bien les difficultés que l’on rencontre dans le diagnostic et le traitement de ces formes de pseudo-hermaphrodisme masculin: la verge assez bien développée donne à l’enfant un aspect nettement masculin, malgré son hypospadias vulviforme, cependant les voies génitales internes sont entièrement féminines
A la naissance, après une hésitation de quelques jours, l’enfant est considéré comme un garçon hypospade dont la malformation sera à corriger ultérieurement. Cependant aucun examen n’est pratiqué jusqu’à l’âge de 6 ans, date à laquelle nous le voyons. A ce moment, l’aspect d’ensemble est celui d’un garçon normal pour son âge chronologique, ce que confirme le morphogramme qui montre cependant un retard de la croissance et de la maturation. La maturation osseuse est normale (âge osseux : 6 ans, méthode du Cadran). Il n’existe aucune pilosité pubienne, mais à la palpation de la région inguinale droite, une masse, de consistance molle, qui ne peut être mobilisée au-delà de l’orifice inférieur du canal inguinal. Rien à gauche. Surtout, la morphologie génitale externe est très anormale du type "hypospadias vulviforme". Le bourgeon génital (image 1) est assez développé, sous tendu par un frein prolongé d’une cicatrice, sans méat à son extrémité, celui-ci est visible plus en arrière, il n’existe que ce seul orifice périnéal. Le scrotum est bifide, peu développé, entourant la base de la verge. Cliniquement, cet aspect très ambigu ne permet aucune conclusion. Les examens complémentaires montreront un sexe chromatinien açu1in et des dosages hormonaux normaux. L’injection de substance opaque par l’orifice uréthral objective une cavité cylindrique correspondant certainement à un vagin ce que confirme l’intervention exploratrice
qui montre en outre, en arrière de la vessie, un utérus atrophique, deux trompes d’aspect sensiblement normal, deux masses ovoïdes leur sont appendues (image 2), Il n’y a pas de prostate. Les biopsies prélevées sur ces deux masses gonadiques présentent une structure histologique de testicules (tubes séminifères bien individualisés, sans hyalinisation. Le tissu interstitiel est pauvrement développé, mais sans fibrose importante).
Il s’agit donc d’un pseudo-hermaphrodisme masculin, à morphologie génitale externe ambiguë avec des testicules ectopiques intra abdominaux (la masse inguinale droite était formée de kystes, sans trace de tissu testiculaire), .et des voies génitales internes entièrement féminines.
(image 1) Hypospadias vulviforme avec verge assez bien développée et scrotum bifide
Au point de vue pratique, la question est de savoir si, à la puberté, les testicules fonctionneront comme un testicule masculin normal. Les injections itératives de gonadotrophine chorionique n’ont provoqué comme il était à prévoir - aucune sécrétion testiculaire. Mais, la richesse en structures internes féminines est en faveur d’une puberté masculine.
(image 2) Schéma de la disposition anatomique. Les gonades sont des testicules.
L’enfant, âgé de 6 ans, ayant été élevé jusque-là comme un garçon, il faut sans aucun doute le conserver dans ce sexe, d’autant qu’au point de vue purement chirurgical, il est possible de reconstruire un urèthre pénien, un scrotum subnormal et d’abaisser les testicules. Mais évidemment, si les seins se développent à la puberté, il faudra pratiquer une castration suivie d’une thérapeutique androgénique substitutive.
PATHOGÉNIE :
Elle doit expliquer pourquoi, chez des sujets dont les gona4 sont des testicules, la régression mullérienne et la différenciation génitale externe se sont faites de façon incomplète. Cette explication est fournie par les travaux de JOST. La sécrétion du testicule fœtal est nécessaire à la masculinisation du fœtus (même de sexe génétique masculin), la féminisation est au contraire un phénomène passif qui se produira chaque fois que le testicule fœtal est déficient (quel que soit le sexe génétique). Selon la date de début et la de durée cette déficience, la féminisation sera plus ou moins complète (notion de stades critiques voir image), et elle est irréversible. Ainsi s’expliquent la grande variété des anomalies rencontrées dans les la morphologie génitale externe ambiguë supposant toutefois que tardivement (entre le 3me et le 5me mois) a existé une sécrétion "androgénique", incomplète, certes, mais suffisante pour masculiniser partiellement le périnée. quant à la raison pour laquelle la puberté se fait dans certains cas sur le mode féminin, il faut avouer qu’elle n’apparaît pas clairement:
on rejoint ici le problème du "testicule féminisant" dont nous parlerons plus loin .
dimanche 5 février 2012
3) Le Sexe Morphologique :
Il se divise en sexe génital interne ou gonophorique et sexe génital externe.
LE SEXE GÉNITAL INTERNE est caractérisé, dans le sexe féminin, par la présence de trompes, utérus et vagin ; dans le sexe masculin, par l’épididyme et le déférent. Cette différenciation se fait par le développement des canaux de Wolff chez l’homme, des canaux de Muller chez la femme. Les travaux fondamentaux de Jost montré que cette différenciation est sous la dépendance de la sécrétion de la gonade fœtale. Plus précisément, la sécrétion d’"hormones virilisantes" par le testicule fœtal est indispensable pour que le développement des voies génitales se fasse dans le sens masculin.
En l’absence - anatomique ou fonctionnelle - du testicule fœtal, le développement des voies génitales se fera dans le sens féminin, même si le sexe chromatinien est masculin, et ceci d’une façon plus ou moins poussée selon la déficience plus ou moins complète du testicule fœtal (notion de phases critiques de Jost). Le développement des voies génitales selon le type féminin est donc un phénomène passif qui se produira, bien entendu, si les gonades fœtales sont des ovaires; mais même si ce sont des testicules ne secrétant pas, pour une raison quelconque, ou si les gonades foetales (testicules ou ovaires) ne se sont pas développées ou ont régressé. Comme nous le verrons, nous avons là l’explication des pseudohermaphrodismes masculins et de certaines dysgénésies gonadiques (image 1).
En clinique, la détermination du sexe gonophorique se fera par l’examen gynécologique; par l’opacification, suivie de la prise de clichés radiographiques, des voies génito-urinaires (à la recherche, en particulier d’une cavité vaginale) ; par la laparoscopie ou mieux la laparotomie exploratrice qui permet seule un bilan complet et les biopsies nécessaires.
LE SEXE GENITAL EXTERNE, c’est-à-dire l’aspect des organes génitaux externes et du pennée, féminin ou masculin, détermine évidemment le "sexe d’état civil". Cette différenciation se fait à partir du sinus uro-génital du fœtus, à double potentialité sexuelle. Chez le mâle, la fente génitale se ferme, les bourrelets génitaux donnent le scrotum et le bourgeon génital se développe en verge, à l’extrémité duquel s’ouvre l’urèthre pénien. Chez la femelle, le sinus uro-génital reste ouvert (fente vulvaire), les bourrelets génitaux donnent les
grandes lèvres, le bourgeon génital s’accroît pour former le clitoris et le sinus se cloisonne en urèthre ventral et vagin dorsal. Cette différenciation se fait de façon active dans le sexe masculin, c’est-à-dire nécessite l’intervention du testicule fœtal, et de façon passive dans le sexe féminin. Il importe de souligner que le sinus uro-génital, contrairement au gonophore, est sensible non seulement aux “androgènes “ d’origine foetale, mais également aux hormones d’origine maternelle, qu’elles soient secrétées par la mère, ou qu’il s’agisse d’hormones qui lui ont été injectées dans un but thérapeutique. Nous avons là l’explication de nombreux cas de pseudohermaphrodisme féminin.
En clinique, le sexe génital externe se détermine bien entendu par l’examen des organes génitaux et du périnée, mais en cas d’aspect ambigu, il ne faut en aucun cas se contenter des renseignements morphologiques pour décider du sexe à attribuer à l’enfant, mais mettre en œuvre la série d’examens dont nous venons de parler. Insistons en outre sur la nécessité d’un bilan psychique, dont l’importance est au moins égale au bilan somatique pour les décisions à prendre. Les problèmes psychiques étant communs aux différents types d’anomalies, nous les exposerons à la fin de cette étude.
Définition Ambiguité Sexuelle "Hermaphrodisme"
et partant au traitement des anomalies du développement sexuel. Insistons d’emblée sur l’abso1ue nécessité d’un diagnostic précoce, toute erreur dans le sexe attribué à un enfant entraînant des conséquences catastrophiques, sur le plan somatique et psychologique, car dès l'âge de 3 ans environ, l’enfant est à tel point fixé dans son “ sexe psychologique ” que tout “ changement de sexe ”
devient une entreprise extrêmement hasardeuse, sinon impossible.
Il faut entendre sous le nom d’"ambiguité sexuelle" ou "Hermaphrodisme" tous les cas où existe une discordance entre les critères de la détermination sexuelle normale. Par conséquent, et c’est une remarque liminaire importante, on peut être conduit à faire le diagnostic d’"ambiguité sexuelle" ou "Hermaphrodisme" chez un enfant dont l’aspect génital externe est cependant franchement masculin ou féminin, l’examen étant motivé par des troubles de la croissance ou du développement pubertaire.