samedi 4 février 2012

C. Les Cellules De Sertoli

Entre les cellules de la lignée séminale, on rencontre d’autres éléments dans la paroi du tube séminifère: ce sont les cellules de Sertoli.

1. ASPECT EN MICROSCOPIE OPTIQUE

Les cellules de Sertoli se reconnaissent par certains caractères cytologiques (image 4).

a. LE NOYAU

Il est habituellement ovalaire ou quelques fois allongé et polygonal (ce qui le distingue nettement des noyaux des cellules germinales); il mesure de 9 à 12 microns dans sa plus grande dimension; son grand axe est perpendiculaire à la membrane propre du tube. Il apparaît souvent avec une profonde incisure latérale. La chromatine est disposée sous la forme d’un fin réseau. Le nucléole a un aspect complexe: il présente une partie centrale acidophile entourée de deux ou trois blocs basophiles (image du «nucléole mixte» des classiques).

b. LE CYTOPLASME

Il a des limites mal reconnaissables et donne même l’impression de se fusionner avec le cytoplasme des cellules de Sertoli voisines; l’absence de visibilité des membranes, en microscopie optique, avait conduit les auteurs classiques à parler de «syncytium de Sertoli»; cette conception est inexacte: chaque cellule est bien limitée par une membrane plasmique1 .

Le cytoplasme émet des prolongements plus ou moins longs, s’insinuant entre les cellules de l’épithélium séminal (cf. microscopie électronique).

On observe diverses inclusions dans le cytoplasme: ce sont soit des formations mal définies d’aspect fibrillaire, soit des formations cristalloïdes : les plus communes sont dites cristalloïdes de Charcot-Bottchner.

On a décrit divers «cristalloïdes» dans les cellules de Sertoli:

- les cristalloïdes de Charcot-Bottchner, éléments de petites dimensions (2 à 4 microns), non solubles dans l’acide acétique;

- les cristalloïdes de Lubarsch, éléments très allongés (16 microns en moyenne) solubles dans l’acide acétique;

- les cristalloïdes de Spangaro, éléments allongés colorables seulement par certaines méthodes.

2. ASPECT EN MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE

L’étude de l’Ultrastructure des cellules de Sertoli a révélé d’intéressants détails d’organisation (image 17).

a. LE NOYAU

Il a peu de caractères particuliers: on constate l’existence de replis plus ou moins marqués de la double membrane nucléaire; on remarque la présence d’une chromatine très claire et d’un nucléole caractéristique.

b. LE CYTOPLASME

Deux points méritent de retenir l’attention: l’Ultrastructure de la membrane cellulaire et la diversité des organites intracytoplasmiques.

a. La membrane cellulaire

Elle limite complètement chaque cellule de Sertoli (le terme classique de « syncytium » ne se justifie donc pas). Elle présente de remarquables différenciations localisées:

• dans les régions de contact entre deux cellules de Sertoli, les membranes sont extrêmement rapprochées l’une de l’autre (ne délimitant qu’un espace intercellulaire de 70 à 90 angströms) ; de plus, en rapport immédiat avec la membrane de chaque cellule de Sertoli, on observe:

- soit des formations fibrillaires courtes, denses, plus ou moins perpendiculaires à la membrane (cette organisation rappelle celle des desmosomes),

- soit des formations lamellaires appartenant au réticulum endoplasmique, agencées de façon régulière parallèlement à la membrane et séparées d’elle par de très fins filaments (l’ensemble des formations lamellaires et fibrillaires a une épaisseur de 400 à 600 angströms);

dans les régions de contact avec des éléments de la lignée séminale (spermatogonies, spermatocytes ou spermatides jeunes), la membrane de la ‘cellule de Sertoli est séparée assez largement de la membrane des cellules germinales (espace intercellulaire de 150 à 200 angströms) ; il n’y a aucune différenciation localisée sur ces membranes cellulaires : pas de desmosome, pas de disposition du réticulum endoplasmique le long de la membrane;

• dans les régions de contact avec la zone du capuchon acrosomial des spermatides achevant les transformations de la spermiogénèse (ce qui correspond à la portion apicale de la cellule de Sertoli), il existe une relation particulière des membranes: immédiatement en dedans de la membrane plasmique de la cellule de Sertoli se trouve une couche fibrillaire doublée des formations lamellaires du réticulum endoplasmique, mais la membrane plasmique de la spermatide, située juste en regard de cette différenciation, ne présente aucune modification.

b. Les organites intra-cytoplasmiques

Le microscope électronique révèle la présence de nombreux organites:

- les uns sont des constituants habituels: appareil de Golgi juxta-nucléaire, mitochondries allongées ou arrondies, ergastoplasme assez réduit, réticulum endoplasmique au contraire très développé;

- d’autres sont plus particuliers : lysosomes, enclaves lipidiques, «corps lamellaires» constitués par des éléments du réticulum endoplasmique à disposition concentrique, microtubules, cristalloïdes de Charcot-Bottchner à structure fibro-granuleuse.

Signalons qu’on a observé une augmentation du nombre des lysosomes dans les cellules de Sertoli, lorsqu’on provoque expérimentalement une dégénérescence des cellules germinales ; ces images ont été considérées comme un argument en faveur d’une fonction phagocytaire des cellules de Sertoli.

1. Lorsque Sertoli décrivit cette forme cellulaire dans les tubes séminifères de l’Homme en 1865, il en fit précisément un syncytium. Pourtant dès 1878, effectuant des recherches sur les tubes séminifères du Rat, il reconnut l’existence des limites cellulaires. La notion de syncytium fut surtout développée par REGAUD (1901)et admise par la plupart des auteurs jusqu’à l’avènement de la microscopie électronique. Notons cependant qu’en 1937, GEORGE publia des clichés prouvant l’existence de membranes cellulaires dans les cellules de Sertoli de l’Homme et du Rat.